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DÉMARCHE ARTISTIQUE
/ ARTISTIC STATEMENT

Cécile Lamy fonde sa démarche artistique sur la pratique de la grimpe d’arbres et l’expérience sensible qui en découle. Elle va à la rencontre des arbres au travers de sa corporéité. Par ces expériences perceptives, elle cherche à saisir quelques choses de cet être autre. Le travail qu’elle mène dans la mêlée des cimes raconte et interroge notre perception de l’arbre et par extension, notre relation à lui.


Conjointement à la dimension performative, elle travaille alternativement dans les arbres et en atelier avec différents médiums dont le dessin, la peinture et la gravure. Ces œuvres visuelles témoignent de ses rencontres immersives avec les arbres par-delà le simple face à face vertical.


En s’immergeant quotidiennement dans les arbres, l’artiste inscrit aussi cette démarche dans le temps et cherche une « disponibilité aux signes des autres formes de vie » (1) et constitue, au-fur-et-à-mesure d’autres « chemins de sensibilité, pour commencer à réapprendre à voir. » (2) Elle documente ses recherches sensibles par des photographies, des vidéos et des écrits.


Sa mémoire corporelle recueille les sensations de l'arbre ainsi que les gestes et les élans de la grimpe. Ces partitions sensorielles et ces chorégraphies, nourrissent une sorte d’intériorité arborée avec laquelle elle crée d’autres œuvres moins attachées à la représentation visuelle qu’à la traduction de sensations.


1- MORIZOT Baptiste, Manières d’Être Vivant,
Mondes Sauvages, Pour une nouvelle Alliance,
Actes Sud, Paris, 2020, p. 20.
2- Ibid., p. 20.

 

Cecile Lamy's artistic approach is rooted in the practice of tree climbing and the sensible experiences it provides. She physically connects with the trees to explore and gains a different understanding of them. Through these perceptual experiences, she attempts to comprehend certain aspects of these others-than humans. From the melee of the treetops her work examines and questions our perception of trees, and consequently, our relationship with them.

 

Alongside the performative dimension, she works alternately in the trees and in the studio in a variety of mediums, including drawing, painting and engraving. These visual works testify to her immersive encounters with trees  beyond the simple vertical face-to-face.
 

Climbing a tree does not only change the visual perspective but, due to the physical effort involved, it also activates additional senses beyond the dominant sense of sight. This practice enhances the « awareness to the signs of other forms of life » (1) and as time passes, constitutes other « paths of sensibility, to start relearning how to see. » (2) She documents her sensitive research through photographs, videos and writings.

Her body memory captures the sensations of the tree, as well as the gestures and impulses of the climb. These sensory scores and choreographies nourish a kind of arboreal interiority with which she creates other works that are less concerned with visual representation than the translation of sensations.

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BIO/ABOUT

FORMATION / EDUCATION


2019 - 2021   CQP Educatrice Grimpe d’Arbres / Tree Climbing Educator Certification, CEPALE, Colombier sous Pilât
2015 - 2018   Licence Arts Plastiques
/ Fine Art Degree, Université Jean-Jaurès, Toulouse
2014 - 2015   Classe Préparatoire d’Arts
/ Art Class, Fabrique des Arts, Carcassonne

EXPOSITIONS PERSONNELLES / SOLO SHOWS

 

2025    Galerie Valat, Toulouse

2023   Forêt Intérieure, Au Bord du Monde, Salvagnac, Tarn
2022   Art&Com et L’Entracte, Nailloux, Haute-Garonne
             Les Arbres Grandissent Toujours, Musée du Pays de Cocagne, Lavaur, Tarn
2021   Retours des Cimes, Centre Culturel Théâtre des Mazades, Toulouse
2019   Arbre au corps #2, Galerie des Bains Douches, Saverdun
             Dans l’Arbre, Librairie des Etudes, Toulouse
             Arbre au corps #1, la Villa Daumier, Valmondois, Val d'Oise


EXPOSITIONS COLLECTIVES / GROUP SHOWS
 

2025   (à venir/upcoming) Promenades, pour les dix ans de l'Entracte, L'Escal, Nailloux, Haute-Garonne

2024   Festiwild, 4ème édition, Sainte-Croix, Drôme   

             Festival des Plantes Sauvages avec Patrice Dion, Couffouleux, Tarn

2021   Les 20 ans de la Villa Daumier, la Villa Daumier, Valmondois, Val d'Oise
             Frissons Frissons, Montcuq, Lot
2020   Lieux d’Exception
et Artistes Contemporains, Château de Gadancourt, Gadancourt, Val d'Oise
             Des Racines à la Cime, Galerie Peyrusse, Peyrusse-Le-Roc, Aveyron
2018   Nous sommes aujourd’hui, Gale
rie Annie Gabrielli, Montpellier
             Festival Rendez-vous, association La Yaye, Nantes
2017   Dérives, association Jaipat, Bordes-sur-Arize, Ariège


RÉSIDENCES / RESIDENCIES

 

2026   (à venir/upcoming) Résidence de création, Villa Daumier, Valmondois, Val d'Oise

2024   NU'VEM Residency, Freesam, Pico Island, Açores, Portugal
2023   Résidence Labo à  Atelier-refuge, association Sur le sentier des lauzes, Saint-Mélany, Ardèche
2019   Résidence de création de quatre mois à la Villa Daumier, Valmondois, Val d'Oise
2017   Résidence En Plein Art, association Jaipat, Bordes-sur-Arize, Ariège

COLLECTIONS

Fonds Régionaux d’Art Contemporain d’Occitanie (Fonds documentaires)
Nu’vem Collection, Freesam Production, Açores, Portugal
Collections privées (France, Nouvelle-Zélande, Portugal)

TEXTES / WORDS

SYLVIE VEYRAC / 2022

​Cécile Lamy grimpe aux arbres. Vit parfois plusieurs jours dans un arbre. S’imprègne du mouvement et de la vie des arbres. Intensément…


L’approche se fait progressivement et commence par le choix de l’arbre : l’espèce à laquelle il appartient, son nom, hêtre, tremble, chêne, érable, platane… sa capacité morphologique et physiologique à accueillir l’artiste grimpeuse. Il y a aussi, de l’aveu même de l’artiste « quelque chose de l’ordre de l’att rait, une singularité qui m’attire, me donne envie de grimper, d’aller à la rencontre de cet arbre. Quand je vois certains arbres, peu importe leur essence ou leur taille ou leur santé, j’ai envie de grimper dedans. Cela peut être de l’ordre du coup de cœur esthétique, mais aussi un agencement de branches particulier qui me donne envie de l’appréhender avec mon corps, de faire l’expérience de la chorégraphie que mon corps va exécuter pour se déplacer dans cet arbre-là. »


Vient ensuite une phase d’apprivoisement mutuel, il s’agit de faire connaissance avant la traversée. Si l’installation de cordages et d’accroches accorde un temps supplémentaire avant la grimpe et procure une expérience différente, plus aérienne, une grande partie des grimpes de l’artiste se déroulent pourtant à bras-le-corps, avec un contact direct avec l’arbre.


Pénétrer le corps de l’arbre, progresser sur les branches, percer son feuillage, tendre vers la cime dans un corps à corps intégral, exaltant, périlleux. Éprouver le frémissement du vent dans la ramure, senti r la lumière du soleil jouer avec ses feuilles, les éclats de la lune, le bruissement de la nuit, les oiseaux, le ciel par intermittence, saisir la poésie propre à cet arbre-là.


Dans le tourbillon de l’énergie ascensionnelle, à travers cette expérience immersive, Cécile Lamy reçoit les vibrations de ces vivantes sculptures, nos pairs les arbres. La sève au cœur, la peau d’écorce et de mousse, ces sages guident la main de l’artiste.
 

Les dessins de Cécile sont inspirés. Les lignes tracées au charbon de bois se chevauchent et se consument dans la fougue du trait. Des œuvres se déroulent parfois du haut vers le bas, suspendues et flottantes, délicates oriflammes soumises au souffle des airs. D’autres transportent les mots de l’artiste, ceux qui ont émergés de l’aventure et ceux qui l’ont nourri, ou révèlent, à travers la fragilité du trait, la fréquence vibratoire de l’arbre sujet. Les poèmes de Cécile, comme ses dessins, incarnent le partage généreux d’une expérience personnelle, ses œuvres nous rappellent à nos racines et nous emmènent à la lisière des rêves, dans l’étoilement des arbres.

Cécile Lamy climbs trees. Sometimes she spends days on end immersed in the movement and the life of trees. Intensely…


Her approach is gradual, beginning with the selection of a tree considering its species, beech, aspen, oak, maple, plane... and its morphological and physiological capacity to accommodate the climbing artist. According to the artist, there is also « something like an attraction, a singularity that appeals to me, makes me want to climb, to go and meet this tree. When I see certain trees, whatever their species or size or health, I want to
climb them. It can be an aesthetic crush, but also a particular arrangement of branches that makes me want to grasp it with my body, to experience the choreography my body will perform to move within that tree. »


There is a time of mutual acquaintance before the ascent. Although the set up of removable anchors and ropes adds time before the climb. This equipment can create a very aerial experience, swinging through the air among the branches, but a significant portion of the artist’s climbs are conducted arm-in arm, with direct contact with the tree.


By observing the wind quivering in the limbs, the sunlight playing on leaves, the brilliance of the moonlight, the rustle of the night, the birds, the intermittent sky, etc., the poetry of this particular tree can be captured.

 

hrough this immersive experience, within the whirlwind of upward energy, Cécile Lamy receives the vibrations of these living sculptures, our peers, the trees. With their heart full of sap and their skin of bark and moss, these sages guide the
artist’s hand.


Cécile’s drawings are visually captivating. The charcoal lines overlap and blend into each other, consumed by the ardor of the line. Some of her artworks hang delicately, suspended and seemingly floating in the air like delicate oriflames. Other works even incorporate the artist’s words, those that emerged from the adventure and those that nurtured it, or demonstrate, through its delicate lines, the vibrational energy of the tree in question. Cécile’s poems, just like her artwork, convey the generous sharing of a personal experience. Her creations call us back to our origins and transport us to the boundaries of our dreams, amidst the star-shaped arrangement of the trees.

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Vue de l'exposition personnelle à l'Escale de Nailloux en 2022

DANS L'ARBRE / GERARD TINÉ / 2019

« Être-au-monde signifie avant toutes choses être dans le sensible : s’y déplacer, le faire et le défaire sans interruption. » Emanuele Coccia

L’arbre n’a pas de voix. De lui émane tout le ressenti, toute la sensibilité de son immobilité mutique, enracinée, prise dans la jouissance et le tourment de ce qui le nourrit depuis le sol obscur et fertile jusqu’à ce que l'effleurent les vents de lumière et de pollen dans les cimes. Pour Cécile Lamy être dans l’arbre c’est être dans un voyage-monde au plus profond et au plus haut d’un imaginaire ouvert à des horizons par millier. 

 

Alors, elle marche dans l’arbre à sa rencontre. Elle grimpe, s’élève, se hisse, se dresse du sol jusqu’à la canopée afin de voir, profondément loin, du haut de cette vigie arborée. Elle arpente l’essence des grands arbres – hêtre, chêne, marronnier, platane – comme autant de territoires à découvrir. Elle accorde ses parcours à la mesure de son corps et à l’ampleur de chacune de leurs architectures : s’y glisser, s’y installer, trouver les passages vers la cime, écouter, regarder, toucher, caresser et les sentir vibrer dans la houle de leur frondaison. Son travail enregistre les multiples perceptions de cette rencontre particulière de deux corps, de deux sensibilités : celui de l’arbre, celui de l’artiste.

Elle prépare sa montée ou, comme elle en parle, sa "grimpe". Elle entreprend des expéditions, équipée de cordages, du baudrier, de mousquetons jusqu’au hamac pour mériter d’en être l’hôte trois jours et deux nuits durant sans descendre à terre. Alors que les impressionnistes ont quitté les ateliers pour aller sur le motif, Cécile Lamy va dans le motif et y installe son atelier de même que les artistes du Land Art américains, dans les années 60, vont dans le paysage et y produisent leurs actes créateurs. Elle y transporte, vivres et outillages – pinceaux, couleur, encre, fusain, papier à dessin, toile à peindre, livre, carnet de notes – afin d’inclure son corps et ouvrir sa sensibilité et son travail à l’accomplissement d’un échange quotidien. Elle déploie une dynamique d'empathie au cœur cet être vivant chaleureusement familier mais d’une inquiétante étrangeté : s’aventurer, alors, au plus prés de cette étrangeté si proche et si lointaine et percevoir la ténuité des signes qu’elle émet.

 

Elle réduit la distance. Elle ne prend pas le recul nécessaire pour faire de l’arbre un motif esthétique qui serait perçu depuis le point de vue artistique d’un regard projectif et dominant. Elle développe dans ses dessins et ses peintures les émois sensibles d’une proximité qui donne lieu à une inscription graphique et picturale de prises de vues segmentées nullement arborescentes mais qui font apparaitre le surgissement de troncs enchevêtrés, puissants, ridés, crevassés et noués par la tension des poussées de croissance.

 

Les arbres déploient des architectures de parcours et se prêtent à des stations, des élancés et des arrêts. Ici, le corps de l’arbre enveloppe et accueille le corps et le regard de l’artiste dans l’espace topologique des pleins et des vides de la ramure, des masses feuillues et dans la présence mouvante des ombres et des lumières qui se glissent au sein de la frondaison.

Sur la toile tendue de branches à branches ou bien plissée et torsadée à même le tronc, se tracent, s’impriment, s’enregistrent, des archipels de nouages marqués de la texture des mousses incorporées aux plissements des écorces.

S’inscrivent des phénomènes d’apparition des formes qui nous dépeignent une autre image de l’arbre. Non pas une mais des images qui nous montrent des motifs comme surgis d’une lente pérégrination au cours de laquelle se déconstruit la figure de l’arborescence familière.

Cécile Lamy dépeint, dessine et décrit dans un temps suspendu – fait d’attente, d’action, de plaisir, de réflexion, de solitude, d’écoute, mais aux aguets – une multitude de signes comme si elle voulait décrypter, déchiffrer et délivrer ce qui pourrait être l’invraisemblable du sensible dans l’arbre : « s’y déplacer, le faire et le défaire sans interruption ». Tutoyer un autre imaginaire.

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Vue de l'exposition personnelle Dans l'Arbre à la Librairie des Études à Toulouse en 2019

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